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2001³â 10¿ù 22ÀÏ

 

 

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UNJUSA, PLUIE D'AUTOMNE

 

Couchés sous la poussière d'eau douce

les dormeurs contemplatifs aux yeux rêveurs

tournés vers le ciel

On raconte qu'ils étaient trois et que l'un d'eux s'est levé

a marché jusqu'au bord de la falaise;

les deux Bouddha ont leur dos encore soudés à la pierre

un jour ils se léveront à leur tour

et naîtra le monde nouveau.

 

Dans les rues de Seoul

les jeunes gens, les filles

bousculent le temps arrachent des secondes.

Acheter vendre

créer inventer chercher.

Qui pense encore aux deux Bouddha

rêveurs sur la montagne

à Unjusa

Pilier des nuages

debout au milieu des feuilles rouges de l'automne?

 

Chercher courir

saisir emporter

Les Bouddha de pierre

aux visages des Loas*

aux visions des esprits des chamans

rêvent-ils parfois dans leur insomnie,

aux grands magasins du marché Dongdae Mun

aux lettres de néon aussi nombreuses

que les branches de la forêt?

 

A l'autre bout du monde

a l'autre bout de la mer

un pays fracassé

un pays aveuglé

griffé par la peur

 

Acheter vendre

voir

deviner

zigzaguer la nuit

quand Seoul s'illumine comme un navire

 

Et les matins sont si calmes

doux à Insadong

à Gwangju rue des Artistes

les balayeurs ramassent les cartons

dans un café encore ouvert deux amoureux se tiennent par la main.

 

Vivre, agir

goûter laisser glisser les sens

l'odeur des fritures de vers à soie

le kimchi

la soupe aux nouilles les algues

les fougères

les fils poivrés des méduses

cette terre jaillie des profondeurs de la mer

au goût d'éther

 

Vouloir rêver vivre

écrire

 

A l'autre extrémité du monde

au bout du désert

les bombes à fragmentation à phosphore éclairent la nuit qui vient de commencer.

 

Désirer déraper

dépasser

les lettres s'allument

comme les branches brisées de la forêt

ici je pense au vent qui tord

au vent qui couche les enfants gris dans la mort

sur l'âcre cercueil du désert

 

 

Attendre rire espérer

aimer aimer

au jardin du palais de Seoul

les enfants sont ronds comme des dieux

leurs yeux ont été peints à la pointe des pinceaux

 

Attendre vieillir pleuvoir

sous la pluie qui tombe doucement à Unjusa

glisse sur les feuilles rouges de l'automne

joint ses doigts en longs bras vers la mer

retour vers les profondeurs natales.

Les visages des deux Bouddha couchés sont usés par cette pluie

leurs yeux voient le ciel

chaque siècle qui passe est un nuage qui passe

ils rêvent d'un autre temps d'un autre lieu

ils dorment leurs yeux ouverts

le monde a commencé à trembler.

 

Seoul-Paris

lundi 22 octobre 2001

 

 

* : ces longs visages au nez rectiligne, aux arcades sourcilières proéminentes qui ont traversé le temp de l'Afrique jusqu'en Haïti, et que je retrouve en Corée, dans la paix du Bouddhisme.